Si j'arrêtais la poésie et mettais la
feuille en jachère,
Mon aura disparaîtrait-elle ou l'a
vendrait-on aux enchères ?
Si je déposais le calame devant
l'ennemi de l'ignorance,
Cela serait-il donc un drame ou une
avancée en science ?
Si j'arrêtais la poésie pour me
consacrer à l'étude ou même encore à l'enseigner,
Serait-ce alors une hérésie jusqu'à
mourir de m'en saigner ?
Si j'arrêtais la poésie, l'enterrais
pour en faire le deuil ;
Si j'en condamnais toutes les portes et
vous laissait seul sur leurs seuils
A attendre l'inspiration ou que vous
prenne la folie,
Que vous saisisse la raison, la
passion, la mélancolie ?
Si j'arrêtais la poésie, me
manquerais-je d'abord à moi-même ?
C'est quand on cherche que l'on trouve,
et l'on récolte ce qu'on sème.
Si j'arrêtais la poésie
chercheriez-vous à me convaincre
Que je reprenne ce fusil dont les
munitions sont de l'encre.
Si j'arrêtais la poésie pour voir si
je peux faire un livre ?
Si je trouve le bonheur ailleurs ou si
seulement je reviens ivre ?
Si j'arrêtais la poésie pour voir
encore ce qu'elle promet, et avant même qu'elle ne m'arrête,
Ou que je trouve loin un sommet et
l'ambition de sa conquête ?
Si j'arrêtais la poésie et lui
octroyais des congés ;
Ou, même, que je prenne ma retraite ?
Si j'arrêtais face au danger :
Serais-je lâche ? Fort dans ma
tête ?
Si j'arrêtais la poésie, soyez
tristes... ou faites la fête !
Si j'arrêtais la poésie du seul fait
que je meure
Qui poursuivra mon homélie, mon
épargne pour l'ultime demeure ?
Si s'arrêtait la poésie, qu'il n'y
ait plus aucun successeur, mais qu'on découpe l'héritage,
Qui prendra bien la part de peine à
écrire et tourner les pages ?
Si s'arrêtait la poésie qui pourrait
bien me rendre hommage ?
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